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Les « anhar نهر » de Pharaon : des masses dirigées, pas des fleuves

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Le Coran nous parle des « أنهار » de Pharaon. La traduction classique les rend presque toujours par fleuves ou rivières , comme s’il s’agissait uniquement d’eau qui coule. Or, si l’on revient au texte lui-même, à la racine ن هـ ر et à l’usage réel de ce mot dans le Coran, on découvre une réalité beaucoup plus cohérente : les « anhar » de Pharaon sont les masses humaines qu’il dirige de force , qu’il mène comme un berger mène ses bêtes. Ce sens est renforcé par un parallèle vivant en kabyle : on dit an-hhar aghyoul / akharfi pour décrire le fait de diriger un âne ou un mouton , lui imposer un chemin sans lui laisser le choix. Cette image colle exactement avec l’usage coranique du verbe نَهَرَ (nahara) . 1. La racine ن هـ ر : imposer une direction, contraindre Dans le Coran, le verbe نَهَرَ n’a jamais le sens de « faire couler de l’eau ». Il signifie plutôt : imposer une direction, rabrouer, cont...

Racine JNH (ج ن ح) — Nos « ailes » intérieures et les programmes des anges

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1. De l’« aile » au programme intérieur Le mot جَنَاح est généralement traduit par « aile » : l’aile de l’oiseau, l’aile de l’ange. Mais en lisant le Coran systématiquement, on découvre que la racine ج ن ح décrit surtout le fait de pencher, incliner, prendre un côté, activer un programme interne . D’un côté, on trouve جَنَاح pour l’aile d’un oiseau, ou l’« aile » symbolique de l’humain ; de l’autre, la forme جَنَحَ (verbe) pour s’incliner vers quelque chose, comme dans جَنَحُوا لِلسَّلْمِ — « ils penchent vers la paix » (8.61). À partir de là, on peut comprendre جَنَاح comme un programme d’action, un module que l’être crée ou active selon la situation . 2. Les « ailes » de l’humain : programmes de comportement Le Coran montre que l’humain porte en lui plusieurs « ailes » : des programmes de force, de colère, de miséricorde, de paix, de dureté, etc. Il ne s’agit ...

Le zulm_ظلم : l’injustice suprême selon le Coran

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Dans l’usage courant, « الظلم » est traduit par injustice. Mais dans le Coran, il désigne surtout l’acte d’obscurcir, d’embrouiller, de voiler une vérité claire . Le zulm n’est pas seulement un tort moral : c’est la manipulation du référentiel . Le refrain coranique central « من أظلم ممن افترى على الله كذبا » Cette formule revient dans de nombreux passages (6.21, 6.93, 6.144, 7.37, 10.17, 11.18, 18.15, 29.68, 61.7). Elle désigne la catégorie la plus injuste de toutes : ceux qui fabriquent un discours humain et l’attribuent à Dieu . Le verbe « افترى » signifie fabriquer, produire, mettre en forme un récit ou une loi. Et « على الله » indique que l’on colle ce contenu à Dieu alors qu’il ne vient pas de Lui. Les formes de zulm dénoncées par le texte S’inventer une révélation (6.93) — « أوحي إليّ » alors que rien ne lui a été révélé. Produire un texte concurrent (6.93) — ...

« Obéir au messager » : une notion informationnelle et non personnelle

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L’expression coranique « أطيعوا الرسول » — obéissez au messager est souvent comprise comme une soumission à la personne de Muhammad. Pourtant, le texte ne le dit jamais : aucun verset ne dit « obéissez au prophète » (أطيعوا النبي) . Dans une analyse strictement coranique, libérée des constructions traditionnelles, le messager (رسول) n’est pas une personne, mais un rôle fonctionnel : celui de vecteur d’information . Ce rôle peut être rempli par un humain, un livre, un phénomène naturel, un vestige archéologique ou tout élément capable de transmettre une information exploitable. 1 — Le Coran ne dit jamais : « Obéissez au prophète » L’ordre « obéir » est toujours associé à الرَّسُول (le messager) et jamais à نبي (le prophète). La fonction prophétique désigne un statut social ; la fonction messagère, elle, désigne une transmission d’information. 4.59 يَـٰٓ...

La mission du messager : transmettre le savoir et corriger les égarements

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Le Coran définit la mission du messager (رسول) comme un rôle strictement informationnel : lire les signes, transmettre des données vérifiables, enseigner le Livre et la sagesse, et corriger les comportements déviants. Il ne s’agit ni d’un rôle religieux sacerdotal ni d’une fonction surnaturelle. Le terme rasoûl ne désigne pas exclusivement Muhammad. Dans la logique coranique, tout élément qui transmet une information utile, compréhensible et exploitable est un messager : humain, livre, trace, phénomène naturel, vestige, mémoire, structure vivante ou minérale. À l’inverse, le Prophète (نبي) désigne la fonction socio-politique d’un individu dans sa communauté. C’est pourquoi le Coran n’a jamais dit : « Obéissez au prophète » . Il dit uniquement : « أطيعوا الرسول » — obéissez au messager , c’est-à-dire : obéissez à l’information reçue . 📘 1 — Le messager transmet : enseigneme...

Abraham n’était ni Juif ni Chrétien : lecture rationnelle du verset 3.67

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Verset de référence : مَا كَانَ إِبْرَاهِيمُ يَهُودِيًّا وَلَا نَصْرَانِيًّا وَلَكِن كَانَ حَنِيفًا مُسْلِمًا وَمَا كَانَ مِنَ الْمُشْرِكِينَ [آل عمران 3.67] Traduction non-anachronique : Abraham n’était ni yahūdī ni naṣrānī . Il était ḥanīf — penché du côté de la rectitude —, mouslim — adhérent à la loi universelle —, et il n’était pas de ceux qui associent. 1. Sortir de l’anachronisme Le verset ne parle pas d’ethnies ni de religions historiques. Les mots yahūd et naṣārā désignent des courants de pensée apparus bien après Abraham. Traduire par « Juif » et « Chrétien » projette des catégories postérieures sur un texte antérieur à ces institutions. 2. Le sens de ḥanīf Dans le Coran, ḥanīf désigne une posture méthodologique : quitter les héritages mythiques, observer, douter, comparer, éliminer les hypothèses incohérentes. Abraham incarne cette démarche rationnelle qui « penche vers la rectitude ». 3. Le se...

Kitāb, Qorʾān et Bayt : le système de la connaissance rationnelle selon le Coran

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Le Coran mentionne plusieurs « Livres » révélés : le Tawrāt (Torah), l’ Injīl (Évangile), le Zabūr (Psaumes) et enfin le Kitāb . Mais s’agit-il réellement de textes distincts, ou d’un seul et même système de lois et de savoirs universels, transmis à des peuples différents selon leur langue et leur époque ? 1. Le mot Kitāb — écrire ou établir ? Le mot kitāb (كتاب) dérive de la racine K-T-B (كتب) dont le sens premier est « lier, structurer, inscrire une loi ». Il ne s’agit pas nécessairement d’un objet écrit, mais plutôt d’un ensemble cohérent de règles ou de décrets . C’est ce même mot qui apparaît dans des expressions comme : 📖 كُتِبَ عَلَيْكُمُ الصِّيَامُ (2.183) — “Un système de SAWM vous a été établi.” Ainsi, le kitāb ne désigne pas un volume relié, mais une structure normative , un ensemble d’enseignements systématiques. 2. Les trois autres « Livres » cités 🔹 Tawrāt (التوراة) — souvent traduit par « Torah ». La racine W-R-Y (وري) é...