Messages

Attester sans avoir vu est un faux témoignage

Image
Parmi les formules religieuses répétées mécaniquement, il y a celle qui prétend faire de chaque humain un témoin de l’envoi d’un messager. Or, le Coran impose une règle simple, rationnelle et vérifiable : on ne témoigne que de ce qu’on a vu, constaté ou vécu . Témoigner de l’invisible, c’est sortir du cadre de شهد et basculer vers le faux témoignage . 1) Sens coranique stable de شهد La racine ش هـ د (ch-h-d) couvre un champ cohérent : être présent , voir , constater , puis rendre témoignage sur la base de ce constat. Dans le Coran, la “shahāda” n’est pas un slogan : c’est un acte engageant, lié à une observation réelle. Exemples coraniques (présence / constat) أَمْ كُنتُمْ شُهَدَاءَ إِذْ حَضَرَ يَعْقُوبَ الْمَوْتُ 2.133 — « Étiez-vous témoins lorsque Jacob fut présent à la mort ? » وَمَا كُنتَ بِ...

Se croire guidé n est pas etre guide-racine هدي

Image
L’expression coranique « يَهْدِي مَن يَشَاءُ » est presque toujours traduite par : « Dieu guide qui Il veut » . Cette traduction, devenue dogmatique, introduit un faux paradoxe majeur : si Dieu choisit arbitrairement qui guider, alors la liberté de choix de l’humain disparaît. Or, ce paradoxe n’existe pas dans le texte coranique . Il est le produit d’une lecture autoritaire, étrangère à la logique interne du Coran. 1. La racine هدي ne signifie pas contraindre L’analyse transversale des versets contenant la racine ه د ي montre une constante : elle ne signifie jamais forcer, convertir ou manipuler intérieurement. Son sens fondamental est : offrir un repère rendre une direction visible mettre à disposition une voie donner un cadre permettant de s’orienter Le هُدى est donc un don structurant . Comme une carte ou une boussole, il ne marche pas à la place de l’humain. 2. « يَهْدِي مَن يَشَاءُ » un faux paradoxe linguistique L’expression « يَهْدِي مَ...

Comment repondre au pourquoi de mon enfant?

Image
Comment une simple question peut changer une vie: u n prof au secondaire m’a appris en deux heures ce que l’école oublie souvent. Se questionner : l’acte fondateur de l’humanité Se questionner, questionner le monde, interroger le sens des choses : voilà sans doute l’acte le plus fondamental de l’être humain. Ce n’est pas tant le fait d’avoir des réponses qui nous définit, mais la manière dont nous cherchons à y répondre . Cette manière façonne notre personnalité, notre rapport aux autres et, surtout, notre avenir. Une boussole d’antagonismes Selon la posture adoptée face aux questions, nous tendons vers des profils opposés : acteur ou spectateur , leader ou suiveur , esprit libre ou esprit soumis , citoyen responsable ou exécutant docile , chercheur de vérité ou consommateur d’opinions , créateur ou imitateur , lucide ou manipulable , courageux face à l’incertitude ou fuyant le doute , bienveillant par compréhension...

Islam, islamisme et arabisation : la confusion qui sert la domination

Image
2025-12-20 Dans le débat kabyle, il est courant d’entendre que « l’islam a perverti l’identité » en imposant une « arabité sacralisée » et une culture importée de chez les Bédouins d’Arabie. Cette accusation, répétée depuis des décennies, repose pourtant sur une confusion majeure : l’islam (au sens du texte coranique) n’est pas équivalent à l’islamisme politique , et encore moins à un programme d’uniformisation culturelle. Cette confusion n’est pas neutre : elle a longtemps permis au pouvoir de déplacer la responsabilité. Au lieu de reconnaître un projet d’État (langue, école, administration, médias), on a laissé croire que le responsable était « l’islam » — autrement dit, un principe spirituel présenté comme une force historique fatalement destructrice. 1) Islam ≠ islamisme politique L’islamisme politique est une idéologie de pouvoir : il utilise le religieux comme langage d...

Lissan-arabi dans le Coran : une qualification du texte, pas une identité

Image
Une confusion tenace traverse la plupart des lectures : croire que ʿarabī (عربي) renvoie à une ethnie (« les Arabes ») ou à une langue nationale (« l’arabe »). Or, une lecture interne du Codex (sans autorité cléricale, sans sources externes) mène à une conclusion simple : ʿarabī qualifie le texte comme discours clair, structuré et intelligible — pas un peuple. Principe méthodologique : on ne force pas le Coran à entrer dans une grammaire postérieure ; on lit le texte comme un système autonome où les mots se définissent par leur usage, leurs oppositions et leur cohérence globale. 1) Une langue « officielle » est toujours une construction Dans l’histoire humaine, une langue standard « officielle » n’apparaît pas spontanément : elle est fixée , normalisée , puis enseignée. Le français académique, par exemple, est une construction normée à partir de parlers multiples. La même logique vaut ici : confondre le Codex avec une langue ethniq...

فرط / نسي / غفل — Cartographie coranique de la responsabilité humaine

Image
Thème : responsabilité humaine Racines : ف ر ط / ن س ي / غ ف ل Approche : corpus coranique uniquement Introduction La traduction approximative de certains termes coraniques n’est pas un simple problème linguistique : elle entraîne des glissements conceptuels majeurs qui affectent directement la compréhension de la responsabilité humaine, de l’éthique et du rapport au Kitāb . Parmi ces confusions, l’assimilation fréquente du verbe فرط ( farata ) à l’idée d’« oubli » constitue une erreur structurelle : le Coran distingue pourtant très nettement فرط , نسي et غفل , chacun occupant un champ sémantique autonome, cohérent et non interchangeable. Point clé : فرط n’est pas une défaillance de mémoire ; c’est une rupture fautive de l’équilibre, par négligence ou par excès. L’oubli, lui, se dit نسي . I. Méthodologie Primaut...

Tajwīd vs Tadabbur : quand le son remplace le sens

Image
Le Coran ordonne l’analyse (تدبّر) — pas la performance vocale. Le “tajwīd” institutionnel est un déplacement : de la compréhension vers l’esthétique. Catégorie : Coran — Méthode de lecture Mots-clés : tadabbur, rattil, tartīl, atlou, iqra’, qara’a, j-w-d, d-b-r 1) Problème : un mot central dans les mosquées… absent du Coran Le terme “tajwīd” (تجويد) est omniprésent dans l’univers religieux : règles phonétiques, allongements, nasalisation, “belle récitation”, concours et trophées. Pourtant, un fait simple suffit à remettre les choses à l’endroit : le mot “tajwīd” n’apparaît pas dans le Coran . À l’inverse, le Coran emploie explicitement des verbes et notions structurantes pour la lecture et la transmission : اقرأ (Iqra’) , قرأ (Qara’a) , اتلُ (Atlou) , رتّل (Rattil) , ترتيل (Tartīl) — et surtout تدبّر (Tadabbur) , qui est formulé comme une exigence frontale. 2) Le Coran o...